L’intelligence artificielle au secours des manchots en Antarctique

Les manchots Adélie sont des éco-indicateurs des variations environnementales. Les étudier dans leur milieu naturel permet de suivre l’impact du changement climatique sur l’Antarctique, une région réputée difficile d’observation pour les scientifiques. Et c’est encore plus facile aujourd’hui, grâce à l’intelligence artificielle, selon une étude parue dans la revue PLOS One.

Identification en quelques secondes

Des chercheurs de l’université d’État de New York à Stony Brook ont trouvé un moyen ingénieux de suivre l’évolution des colonies de manchots Adélie en Antarctique, sans avoir à se rendre sur place. Ils utilisent pour cela Segment Anything, un modèle de vision par ordinateur conçu par Meta.

Cet outil, conçu pour la segmentation d’objets dans les images, permet d’identifier un ou plusieurs manchots en quelques secondes alors qu’il faudrait au minimum une à deux minutes pour y parvenir sans la machine, comme l’expliquent les chercheurs dans leur étude.

Mais ce n’est pas le seul avantage de cet outil. Grâce à lui, l’équipe de recherche a pu transformer les photos prises en Antarctique en un modèle numérique 3D de la banquise antarctique dans lequel figure la localisation de chaque manchot photographié.

Ainsi, les chercheurs peuvent suivre l’évolution de ces oiseaux marins ainsi que celle de leur habitat naturel, le cycle de reproduction et l’alimentation des manchots Adélie étant étroitement liés à l’état de la banquise antarctique. 

Le tourisme, nouvelle menace ?

Cette nouvelle méthode d’analyse pourrait considérablement faciliter le travail des scientifiques pour étudier l’Antarctique et tous ses écosystèmes naturels uniques. “À l’heure actuelle, tout le monde a un appareil photo dans sa poche et le volume de données collectées dans le monde entier est considérable”, a déclaré Heather Lynch, coautrice de l’étude, au magazine New Scientist.

Mais cette façon d’agir soulève aussi des questions éthiques puisqu’elle repose sur des clichés de manchots pris, entre autres, par des touristes. En effet, l’Antarctique est devenue une nouvelle destination touristique. Selon l’Association internationale des tour-opérateurs de l’Antarctique, plus de 120.000 touristes se sont rendus dans cette région inhabitée en 2023-2024.

Or leur présence croissante fait peser des risques sur ce continent fragile sur le plan environnemental. Les compagnies qui proposent des voyages dans ces contrées lointaines prennent des mesures pour limiter leur impact mais ces dernières peinent à convaincre la communauté scientifique.

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