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La Station Princesse Elisabeth se prépare à accueillir, en Antarctique, les scientifiques de la saison 2025-26

La belle saison se profile au pôle Sud. Jean Verheyen, souscripteur-mandaté spécialisé, membre du groupe AXA, assure le matériel transporté jusqu’à la Station Princesse Elisabeth Antarctique, depuis sa construction il y a près de vingt ans. Aujourd’hui, la préparation logistique de la saison 2025-26 bat son plein pour accueillir les scientifiques dès novembre.

Par Sudinfo

Près de la Gare du Midi, à Bruxelles, l’équipe de BELARE (pour Belgian Antarctic Research Expedition), qui gère tout ce qui permet à la Station Princesse Elisabeth Antarctique de fonctionner, s’active pour expédier le matériel nécessaire pour accueillir la vingtaine de personnes de l’encadrement de la Station et les scientifiques qui y séjourneront entre novembre et mars, autrement dit durant l’été austral.

L’entrepôt qui jouxte les bureaux regorge de matériel prêt à embarquer pour un long périple de plusieurs semaines par la mer, d’abord sur un cargo jusqu’au Cap, en Afrique du Sud, puis sur un brise-glace jusqu’à la côte de la Terre de la Reine Maud. Enfin, les containers devront parcourir 220 km sur des traîneaux tirés par de gros tracteurs sur chenilles. Les humains feront, eux, le voyage par avion, généralement avec des escales au Cap, puis sur une piste de glace côtière, avant de prendre un petit avion polaire pour atterrir sur la piste de glace de la Station Princesse Élisabeth Antarctique – soit une vingtaine d’heures de voyage tout de même, effectuées en deux ou trois jours depuis la Belgique.

« Pendant l’hiver austral, la Station est inhabitée mais nous continuons de la faire fonctionner à distance, grâce à la digitalisation et à notre autonomie énergétique zéro émission. Elle reste donc opérationnelle. Certaines données scientifiques sont en effet collectées toute l’année. Nous revenons en novembre, dès que les conditions météo sont plus clémentes, pour préparer la venue de nos hôtes. Au total, nous pouvons héberger jusqu’à 50 personnes », explique Nicolas Van Hoecke, Managing Director de l’International Polar Foundation.

Équipements, nourriture, carburant pour les véhicules… Il s’agit de tout prévoir dans les moindres détails pour vivre plusieurs mois en quasi-autarcie et accueillir les scientifiques belges et étrangers qui viendront effectuer leurs recherches. Il faut aussi entretenir les infrastructures et la station. Cette année, par exemple, toutes les batteries de stockage d’énergie seront remplacées. Un container rempli de 192 batteries est donc en partance ; un équipement essentiel pour disposer d’un stock de 1 à 3 jours d’énergie de réserve pour alimenter la station lorsqu’il n’y a pas de vent pour faire tourner les éoliennes ou pas assez de soleil.

« Nous sommes fiers de participer modestement à ce magnifique projet, en tant que souscripteur-mandaté, et ce depuis son origine en 2007. Durant les deux ans de la construction, comme chaque minute était précieuse et chaque pièce unique, nous avions mis en place une clause d’assurance pour l’acheminement express (si possible par avion) pour remplacer toute pièce qui aurait été endommagée au cours du transport », se souvient Laurent Verheyen, CEO de Jean Verheyen. « Aujourd’hui, l’acheminement logistique reste complexe. Entre Le Cap et l’Antarctique, il faut recourir à des brise-glace équipés de grues permettant de décharger sur une côte sans infrastructures portuaires. »

Étudier dans les meilleures conditions

Une vingtaine de personnes aux métiers variés (médecin, ingénieur, mécanicien, menuisier, chauffeur, guide, cuisinier, etc.) compose l’encadrement de la Station pour offrir le gite et le couvert, les moyens techniques et l’accompagnement.

« L’objectif est d’offrir aux scientifiques les meilleures conditions de recherche possibles. Se déplacer en Antarctique ne s’improvise pas, question de sécurité car les crevasses et les tempêtes sont redoutables. Les chercheurs peuvent recourir à nos engins avec chauffeurs et à nos guides de haute montagne pour effectuer leurs expéditions. Certaines recherches nécessitent aussi de bivouaquer, nous rendons cela possible. Nous nous tenons aussi prêts à accueillir des hôtes imprévus au cas où ils seraient contraints d’atterrir sur notre piste pour cause de mauvais temps », souligne Nicolas Van Hoecke.

La Station est équipée d’un large éventail d’instruments scientifiques à l’usage des chercheurs pour leur éviter de les acheminer eux-mêmes ; elle propose aussi des abris et des laboratoires mobiles (installés dans des containers) pour faciliter leur travail.

Une station internationale et des découvertes

Si la Station Princesse Elisabeth Antarctique est belge, elle fonctionne comme une plateforme scientifique internationale. Outre les scientifiques belges, selon les années, la Station accueille aussi des scientifiques venus d’Allemagne, de France, des Pays-Bas, du Japon, d’Inde, des États-Unis, du Royaume-Uni…

Les domaines de recherche principaux des Belges comprennent les changements climatiques et la qualité de l’air, l’étude de la glace et de l’évolution des calottes glaciaires, la géologie et la microbiologie.

Par exemple, le projet Mass2Ant, dirigé par l’Université libre de Bruxelles, a analysé l’équilibre de la masse de glace en Antarctique de l’Est et fourni des données pour évaluer l’évolution du niveau des mers. Autre exemple, des instruments de l’Observatoire royal de Belgique sont installés pour effectuer des relevés gravimétriques et sismologiques, tandis que l’IRM surveille le champ magnétique terrestre. Une équipe belgo- japonaise a par ailleurs découvert, en 2010, une météorite de 18 kg.

La première base scientifique polaire zéro émission et un projet de nouvelle base

Porté par l’explorateur et ingénieur belge Alain Hubert, fondateur de l’International Polar Foundation, le projet a été lancé à l’occasion de l’Année polaire internationale (2007-2008) et inauguré en 2009. Pionnière en termes d’écologie, la Station génère son énergie à partir d’éoliennes et de 300 m² de panneaux photovoltaïques. Elle est la première et reste à ce jour la seule station zéro émission en Antarctique. Seuls les véhicules ne sont pas électriques, les batteries existantes n’étant pas adaptées aux conditions extrêmes.

Un projet est à l’étude pour construire une nouvelle base à une soixantaine de kilomètres : Andromeda Earth Observatory.

L’Antarctique (régi par le Traité sur l’Antarctique) n’appartenant à personne, les États peuvent y installer librement des activités de recherches scientifiques. Le nombre de bases scientifiques ne cesse d’augmenter. On en compte aujourd’hui environ 80 (dont 40 ouvertes toute l’année).

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