Une institution” : l’Advent of Code séduit plus d’amateurs de programmation informatique chaque année
Le calendrier de l’Avent de la programmation est devenu une véritable “institution” dans le milieu de l’informatique. Chaque jour, il propose des énigmes à résoudre. L’an dernier, 300.000 personnes ont réussi au moins un exercice. Simple jeu pour certains, véritable compétition pour d’autres.
Pour patienter en attendant Noël, certains trouvent dans les fenêtres de leur calendrier de l’Avent des chocolats, des images, des bijoux et même, depuis quelques années, des bières. Pour d’autres, ce sont des problèmes à résoudre grâce à un langage informatique. Vision de l’enfer pour les arithmophobes, moment de plaisir pour les adeptes de programmation, l’Advent of Code est devenu au fil des années une “institution” dans le milieu de l’informatique.
Le concept est né en 2015 du cerveau d’Eric Wastl, un ingénieur américain. “L’Advent of Code est un calendrier de l’Avent composé de petites énigmes de programmation“, explique-t-il sur son site. Chaque jour du mois de décembre, jusqu’à Noël, il publie à minuit (heure de la côte ouest des États-Unis, 6 heures heure française) un problème à résoudre. Il peut s’agir par exemple de trouver la façon la plus rapide de sortir d’un labyrinthe numérique.
Des points à gagner chaque jour
Ces énigmes s’adressent aux passionnés d’informatique qui font leurs débuts dans la programmation comme aux développeurs web et ingénieurs confirmés, qui pourront, en plus de s’amuser, se mesurer les uns aux autres puisque les plus rapides intégreront un classement des 100 meilleurs joueurs. Chaque jour, le premier à résoudre le problème gagne 100 points, le deuxième 99 points et ainsi de suite.
Et il y a de la concurrence : l’an dernier, “plus de 295.000 personnes” sont parvenues à résoudre au moins une énigme du calendrier dès sa publication, indique Eric Wastl à France Inter. Elles étaient 40.000 en 2015.
“Vous n’avez pas besoin d’une formation en informatique pour participer – juste un peu de connaissances en programmation et quelques compétences en résolution de problèmes“, souligne-t-il sur son site. Pas besoin non plus d’un ordinateur sophistiqué pour participer à ce calendrier gratuit, “chaque problème a une solution qui prend au maximum 15 secondes sur du matériel vieux de dix ans”. En revanche, toutes les énigmes sont en anglais.
Une vraie compétition pour certains
Mathis Hammel a participé à quasiment toutes les éditions de l’Advent of Code, partiellement et pas en temps réel, notamment à cause de l’horaire très matinal pour les Français de la publication des énigmes. “Les premières années, je jouais de manière assez tranquille, quand j’avais le temps donc parfois avec un ou deux jours de retard”, raconte ce consultant en cybersécurité et intelligence artificielle. Mais compétiteur dans l’âme, l’an dernier, il n’avait, certes, pas fait les exercices en temps réel, mais s’était chronométré pour mesurer son niveau par rapport aux autres participants. Virtuellement, il se trouvait aux alentours de la 46e place, parmi les tout meilleurs joueurs du monde.
Alors cette année, ça ne rigole plus : Mathis Hammel a décidé de mettre toutes les chances de son côté en partant en Corée du Sud et au Japon afin, grâce au décalage horaire, de découvrir les énigmes à 14 heures et non plus à 6 heures du matin. “Je suis en congé sabbatique entre deux jobs et je me suis dit autant profiter du mois de décembre pour faire quelque chose, voyager un peu et puis quitte à voyager, autant me mettre sur un autre fuseau horaire et, cette fois, essayer de faire un vrai top 100, pour la première fois”, explique-t-il.
Pour lui, l’idée n’est pas de “battre les autres” – l’Advent of Code et le milieu de la programmation en général étant plutôt bonne ambiance, raconte-t-il – “mais ça fixe une barre”. “Se dire ‘je suis dans les 100 meilleurs de cette compétition aujourd’hui’, c’est très cool”, souligne-t-il, expliquant aimer retrouver “cette euphorie-là” et d’essayer de se “dépasser“.
“On ne peut pas se permettre de gâcher des secondes”
Mais Mathis Hammel le sait, il va falloir être efficace s’il veut intégrer le top 100 de ce qu’il considère comme une “institution” : “Les points partent très très vite. Généralement, au bout de quinze minutes, les points sont déjà partis.” Pour maximiser ses chances, il a d’ores et déjà automatisé certaines actions pour aller le plus vite possible, comme le téléchargement du fichier et l’envoi de la réponse. “Quand on veut jouer dans ce spectre un peu plus compétitif où on va essayer de chercher des points, il faut, quasi obligatoirement, avoir du code qui est préparé d’avance”, explique-t-il.
Il s’est également mis de côté quelques lignes de code dont il est quasiment sûr qu’elles lui serviront pour résoudre les exercices. “C’est quelque chose qu’on utilise pour aller plus vite, pour ‘gratter quelques secondes’, parce que souvent, entre par exemple la 25ᵉ place et la 80ᵉ place, il va y avoir entre 10 et 30 secondes donc on ne peut pas se permettre de gâcher des secondes.” Il prévoit aussi de s’entraîner sur les exercices les plus difficiles de l’an dernier, pour se remettre dans le bain avant de commencer la compétition, en sachant que les énigmes du calendrier sont chaque jour un peu plus compliquées à résoudre.
“La plupart des gens font ça pour se former ou juste pour le plaisir”
Mais beaucoup ne voient pas l’Advent of Code comme une compétition. “La plupart des gens font ça pour se former ou juste pour le plaisir de travailler sur des petits problèmes de programmation, c’est un petit peu comme un puzzle, c’est assez ludique“, indique l’un d’eux, Thibault Jouannic, développeur freelance pour le web, pour qui ce calendrier “est un peu devenu une petite habitude au mois de décembre”. “La programmation est devenue mon métier mais à la base, c’est quelque chose qui est une passion et c’est vrai que d’avoir un petit puzzle comme ça à résoudre, qui peut faire travailler des compétences ou qui peut faire découvrir de nouveaux algorithmes, sans enjeu, ça redonne du plaisir à manipuler du code, à manipuler des idées”, explique-t-il.
“Cela permet aussi de se former tous les ans“, poursuit le développeur web. Les énigmes restent disponibles sur le site toute l’année et servent en effet d’exercice. “J’ai créé l’Advent of Code pour aider les gens à devenir de meilleurs programmateurs”, indique d’ailleurs Eric Wastl. “Il y a toute une communauté qui se crée autour de ça, c’est-à-dire qu’il y a des endroits où les gens publient leurs solutions, vont disséquer le problème du jour et on peut découvrir de nouvelles façons de faire”, complète Thibault Jouannic.
Au-delà de ça, l’Advent of Code est devenu une véritable référence. Participer à ce jeu/compétition et intégrer le top 100 est même devenu “une belle ligne sur un CV“, estime Mathis Hammel, puisque cela dénote d’une passion pour l’informatique. “C’est un atout sur un CV qui est vraiment très très fort et qui aide beaucoup à se faire recruter, à se faire repérer.”
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