En Antarctique, des scientifiques tentent de dénicher la plus vieille glace de la planète

En Antarctique, des scientifiques tentent de dénicher la plus vieille glace de la planète

 

Étudier des échantillons de glace ancienne, afin d’identifier la réaction des calottes glaciaires face aux changements climatiques. Tel est l’objectif des chercheurs de la mission scientifique COLDEX, qui plongent dans les archives naturelles de l’Antarctique à la recherche de la plus vieille glace du monde, riche en informations capitales sur le climat passé pour mieux anticiper le futur.

“Une aiguille dans une botte de foin.” C’est ce que tentent de trouver les scientifiques du Center for Oldest Ice Exploration (COLDEX), selon leurs propres mots. Dans l’énorme carotte de glace de l’Antarctique oriental, ils s’activent en effet à chercher les plus vieux morceaux de glace possible. L’objectif ? En savoir davantage sur le climat passé de la Terre, afin d’anticiper son évolution dans un proche avenir. Dans cette zone, où ils ont installé leur première base de recherches, les chercheurs soupçonnent que la glace pourrait renfermer des informations vieilles de plusieurs millions d’années.

Ils ont donc envoyé, comme en témoigne une vidéo partagée sur Twitter le 23 décembre 2022, leur caméra à 93 mètres de profondeur dans un trou circulaire, creusé dans le sol antarctique il y a vingt ans déjà. Le plus ancien échantillon identifié pour le moment est le témoin des changements climatiques et des niveaux de dioxyde de carbone atmosphérique de ces 2,7 derniers millions d’années. Un âge réel qui doit néanmoins encore être confirmé par des tests plus poussés.

Des glaces plus anciennes encore, mais bien cachées

Les scientifiques ont pour projet de creuser plus profondément. “Ce serait même remarquable si nous pouvions le repousser à trois ou quatre millions d’années ou même plus”, explique Edward Brook, chercheur sur le climat à l’Université d’État de l’Oregon (États-Unis) et directeur du projet COLDEX interrogé par The Antarctic Sun. Cela n’est toutefois pas une mince affaire : bien qu’une grande partie de l’Antarctique soit recouverte par la glace depuis des millions d’années, cette dernière n’est pas fixe et est constamment rejetée dans l’océan. Pour identifier les rares endroits où elle a pu être préservée, de vastes étendues de la calotte glaciaire de l’Est, considérée comme la zone la plus stable, sont étudiées. Le sol des lieux de forage doit être suffisamment épais, froid et non perturbé par la roche en dessous pour avoir conservé les précieux morceaux. “Nous recherchons l’endroit parfait où il y aura une séquence complète de glace d’environ deux milles (environ 2,3 kilomètres, ndlr) d’épaisseur”, précise à nos confrères Peter Neff, glaciologue à l’Université du Minnesota et membre de l’équipe.

Dans les calottes glaciaires, des bulles d’air témoins d’un climat passé

C’est en analysant les bulles d’air emprisonnées dans la glace que les experts obtiennent un aperçu du climat passé : lors de la formation d’un glacier, les bulles d’air se compriment et s’y retrouvent piégées. Leur analyse indique ainsi à quoi ressemblait l’atmosphère au moment où elles sont formées, notamment la quantité de dioxyde de carbone présente dans l’air. Et, par la même occasion, pourrait permettre d’identifier la sensibilité des calottes glaciaires à des niveaux plus élevés de gaz à effet de serre et d’anticiper comment elles pourraient réagir à des températures plus chaudes. Pendant la première phase du projet COLDEX, qui durera cinq ans, les chercheurs vont donc enquêter (relevés radars aériens, explorations au niveau des sols) pour trouver les fameux sites susceptibles de cacher une glace vieille de plus de deux millions d’années. Le tout, au cours de la saison estivale australe, où les températures restent inférieures à – 20 °C et les tempêtes de neige fréquentes.

Malgré ces conditions météorologiques difficiles, il est possible de suivre (presque) en direct les différentes avancées du projet des Science and Technology Centers (National Science Foundation). À l’aide du service Starlink de SpaceX — qui couvre “les régions les plus reculées du monde”, l’île de Pitcairn, l’île de Pâques et désormais l’Antarctique — Peter Neff peut partager les résultats et le quotidien surprenant de l’équipe de recherches sur TikTok (@icy_pete) et Twitter (@icy_pete), grâce à cette connexion satellite.

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Statut de publication :
Planète & Environnement

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Publié le

Journal/Source:
Le magazine GEO / www.geo.fr

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