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Gaz, pétrole, minerais… L’Antarctique captive les grandes puissances

Gaz, pétrole, minerais… L’Antarctique captive les grandes puissances

 

L’Antarctique regorge de ressources minières et d’hydrocarbures. Le continent est protégé de l’exploitation jusqu’en 2048. Mais après ? Déjà, les pays se préparent.

Métaux rares et précieux, combustibles fossiles ou nucléaires : l’Antarctique abrite des ressources capitales dont raffole l’humanité. Un coffre-fort glacé verrouillé par un traité doublé d’un protocole qui préserve le continent d’une potentielle exploitation minière… jusqu’en 2048. Mais après ?

Alors que plane le spectre de la pénurie et que la demande en matières premières augmente, ces 14 millions de km2 font office d’épicerie bien garnie. Ils gardent au frais — pour encore quelques décennies — un ensemble de 220 minerais qui aiguisent les appétits.

L’Antarctique est le cœur restant d’un gâteau riche, mais déjà bien boulotté : le Gondwana, un supercontinent qui a commencé à se fragmenter il y a plus de 200 millions d’années et a donné naissance à l’Australie, l’Inde, l’Afrique et l’Amérique latine… [1] Plantée au milieu de l’océan austral, sous les 60e mugissants, sa masse rocheuse est une pépite écrasée sous plus de 1,6 kilomètre de glace (en moyenne) dont les sous-sols regorgent théoriquement des mêmes minerais, ressources fossiles, pierres précieuses… que ses cousins éloignés. Sauf que cette terre est consacrée à la science et la paix depuis la signature du Traité de l’Antarctique (TDA) en 1959 — qui a acté qu’elle serait non militarisée et gelé toute prétention territoriale.

Cette richesse des sous-sols a-t-elle été confirmée ? Au début des années 1980, sous couvert de science, différents pays ont lancé leurs limiers à la recherche d’or noir et d’or tout court. John C. Behrendt, un géologue étasunien, était chargé de cartographier le potentiel de ce continent inhabité. « Les mesures/échantillons qui revenaient montraient la présence de métaux (fer, cuivre, molybdène, or, argent, nickel, cobalt, platine, chrome, manganèse, etc.), de minerais (mica, quartz, graphite, phosphate, etc.), sans oublier, bien sûr, les énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole et uranium). À cela il faut ajouter la présence de nodules polymétalliques », indique-t-il dans son rapport de soixante-quinze pages publié pour le compte du secrétariat de l’Intérieur étasunien.

À l’époque des chocs pétroliers, le pétrole et les minéraux sont alors les plus susceptibles d’être exploités. Mais dans son introduction, Berhendt prévient : « Dans le cadre de la politique de “retenue volontaire” adoptée par les pays du Traité sur l’Antarctique, aucune exploration pétrolière ou minière active n’a lieu. Les pays signataires sont en train de négocier un régime des ressources minérales de l’Antarctique qui devrait être achevé au cours des prochaines années. »

Ce régime, le Protocole de Madrid signé en 1991 — et entré en vigueur en 1998 —, interdit clairement l’exploration et l’exploitation commerciales des ressources minières ; en revanche, il autorise l’exploration pour des motifs scientifiques. La même année, une étude de l’US Geoglogical Survey (USGS) estime les ressources pétrolières et gazières à 36 milliards de barils équivalent pétrole [2], vite ramenés à 11 milliards seulement du fait de leur rentabilité commerciale.

Détails

Statut de publication :
Planète & Environnement

Auteur(e):
Par Laure Noualhat

Date:
Publié le 12 décembre 2022

Journal/Source:
Reporterre, le média de l’écologie / www.reporterre.net

 

 

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