Le plus grand iceberg du monde menace une île dans l’océan Atlantique
Après la perte d’un morceau majeur, le plus grand iceberg du monde, l’A23a, continue de menacer la Géorgie du Sud, rapporte La Voix du Nord. S’il risque d’entraîner une hausse de la mortalité des populations animales de cette île, son délitement est naturel et favorise la croissance des planctons, explique Heïdi Sevestre, glaciologue et membre du programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique au micro de France Inter.
Récemment, un morceau de la taille avoisinant Paris s’est détaché du dénommé A23a. Depuis décembre, les scientifiques suivent attentivement la direction prise de ce dernier, gigantesque bloc de glace de 3.360 km2. C’est « un tout petit plus grand que le département du Rhône », image Heïdi Sevestre. Ce « radeau plongé dans l’océan austral, autour de l’Antarctique à la merci de vents et des courants ».
Après s’être détaché en 1986 de la plateforme de glace de Filchner-Ronne, A23a « s’est retrouvé très vite échoué sur des fonds océaniques peu profonds. Il a commencé à perdre du poids, s’est allégé et a pu repartir en mouvement », résume-t-elle. « Il s’est un petit peu coincé dans un tourbillon. Et là, depuis décembre, il est entraîné par le courant circumpolaire antarctique. Aujourd’hui, il est en mouvement et on le surveille de très, très près. »
« De temps en temps, de gros icebergs sont relâchés »
C’est donc dans la même « allée » empruntée par les autres icebergs qu’il dérive, se délitant au fil de son voyage, « attaqué de toute part par les marées, les vagues ». Rien de surprenant pour la perte récente de ce morceau de 79 km², poursuit la scientifique : « La glace en Antarctique n’a qu’une envie : de passer du continent à l’océan. Donc de temps en temps, de gros icebergs sont relâchés. »
Surveillé grâce aux images satellites et la connaissance pointue de la cartographie des fonds marins, les scientifiques estime que ses probabilités d’échouage autour de la Géorgie du Sud sont de l’ordre de « fifty-fifty ». L’inquiétude demeure car il représente une forte menace : « malheureusement les implications pourraient être terribles pour les populations animales sur place », déjà lourdement touchées par la grippe aviaire.
Sa fonte, à cet endroit ou ailleurs, va aussi entraîner des modifications dans son environnement proche. Cette forte quantité d’eau va modifier « une partie de la chimie et de la densité de l’eau à proximité ». Elle fertilisera aussi les océans puisque l’iceberg contient des sédiments. De quoi réinjecter, peut-être, des minerais dans certaines zones carencées, et favoriser la croissance de plancton, « l’iceberg peut aussi permettre la vie ».
« 58 mètres d’élévation du niveau des mers partout sur Terre »
Même s’« il semble un petit peu en lutte en ce moment », sa fonte n’interviendra pas avant plusieurs mois voire années. Probable qu’entre-temps le bloc se délite, avec des morceaux qui s’éparpillent. « A voir si ça bloque vraiment les accès à des zones d’alimentations ou si de petits raccourcis peuvent être pris dans les morceaux d’iceberg », déroule la scientifique.
Avec le réchauffement accéléré de l’Antarctique – sa vitesse est deux fois plus rapide que la moyenne planétaire –, de plus en plus d’Icebergs risquent de se créer et de déstabiliser la calotte polaire antarctique et de modifier le niveau des mers. « Si l’Antarctique perd sa glace, c’est 58 mètres d’élévation du niveau des mers partout sur Terre », rappelle Heïdi Sevestre, qui se réjouit de la médiatisation du périple d’A23a et donc du réchauffement climatique. « Aujourd’hui, une grande partie de notre économie, de notre industrie, de notre agriculture dépend encore de la présence de glace, notamment dans nos montagnes. »

Le plus grand iceberg du monde menace une île dans l’océan Atlantique – Le Soir
Leave a Reply
Want to join the discussion?Feel free to contribute!