Sylviane, ou la dérive sur l’océan déchaîné

MD: Je vous ai parlé dans My Story de mes déboires sur l’océan antarctique à bord d’un petit voilier. Eh bien, je l’ignorais, mais vingt ans plus tôt, Sylviane a vécu une expérience similaire et a bien cru, tout comme moi, sa dernière heure arrivée. Je l’ai rencontrée grâce à un Monsieur rencontré lors du vernissage de mon exposition uccloise “Sentinelles de l’extrême“. Qu’il soit ici remercié de nous avoir présentées.

Son voilier à elle mesure 18 mètres, contrairement au mien, 14 mètres, et de plus, il est en bon état. Mais seul le capitaine est expérimenté. Les passagers sont formés tant bien que mal, à la hâte. L’enfer commence quand une tempête se déclare.

MD: Quand je revois les paquets de mer que nous recevions sur la tête par “beau temps”, je n’ose imaginer ces murs de quinze mètres déferlant sur leur embarcation.

Le mât se brise net dans un craquement sinistre, livrant la coquille de noix aux masses d’eau furieuses, sous un vent hurlant. La dérive va durer des jours. Des jours durant lesquels Sylviane se pensera condamnée.

Ecoutons la (extraits de “L’enfer du Paradis”, Sylvianne Marbaix-Lison”, Récit de voyage, 1996): ” je suis surtout terrorisée à l’idée de devoir affronter le Drake… en tenant une barre jour et nuit dans le froid, l’humidité et en faisant des manœuvres qui me feraient perdre un équilibre déjà précaire.”

Bientôt, la situation s’aggrave: la tempête est de plus en plus violente et la grand-voile se déchire. Le capitaine… tombe malade…

nous dérivons… 2 jours et 1 nuit en marche arrière car le vent souffle du Sud.

N’y a-t-il personne qui viendra nous secourir? Non, évidemment. Qui oserait se lancer dans une tempête pour subir le même sort que nous?

La tempête a fini par se calmer et la grand-voile de réserve a fini par flotter.

ma seule pensée s’est tournée vers Adrien de Gerlache qui, un siècle auparavant, avait … hiverné à bord de la Belgica… et dans quelles conditions!”

Je n’ai plus jamais vécu comme “avant” après cet épisode. Je me suis tournée vers les éléments de notre planète (air, eau, feu, vent , éther) et donc vers le boudhisme… Après cela: formation en soins palliatifs.

MD: Il y a voilier et voilier en Antarctique. Certains sont solides et dotés d’un équipage professionnel, même si parfois, cela ne suffit pas. Pour les autres, je le sais à présent, c’est la roulette russe, un enfer à la poursuite du rêve de Paradis blanc, comme dit Sylvianne. “Criminel et suicidaire”, selon un Commandant de paquebot qui connait bien son affaire. Comment n’y a-t-il pas davantage d’accidents fatals avec ces embarcations précaires dans la mer la plus dangereuse au monde? Pour moi, cela tient du miracle. Clairement, davantage de contrôles s’imposerait.

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