Voici les signes avant-coureurs de l’effondrement de l’Antarctique

Voici les signes avant-coureurs de l’effondrement de l’Antarctique

 

La fonte de la glace de l’Antarctique pourrait faire gravement s’élever le niveau des océans du monde. Déjà des milliers de milliards de tonnes de glace ont été perdus. Et peu à peu, les chercheurs identifient les signes avant-coureurs de l’effondrement qui menace.

En Antarctique, il est une barrière de glace que les scientifiques appellent la plateforme de Larsen. En bordure de la mer de Weddell, elle se compose essentiellement de trois segments. Enfin, plus vraiment. Puisque la plateforme Larsen A, la plus au nord, s’est effondrée en janvier 1995. Et Larsen B a connu le même destin tragique en février 2002. Aujourd’hui, des chercheurs de l’université PennState (États-Unis) nous racontent le drame qui a commencé à se jouer quelques années plus tôt.
Rappelons d’abord que ces plateformes sont comme des langues de glace qui flottent sur les eaux. Bien sûr, le réchauffement de l’air et de l’océan affaiblit ces structures. Mais les processus qui mènent à leur effondrement restaient jusque-là méconnus des scientifiques – alors même qu’ils sont importants à comprendre. Car ces plateformes de glace se comportent comme des contreforts, des barrières qui empêchent les glaces des terres de s’écouler dans la mer, et d’ainsi participer à l’élévation du niveau des océans.

« Larsen B ne retenait pas beaucoup de glace terrestre. Sa perte n’était donc pas très importante pour le niveau de la mer. Mais elle offre un laboratoire exceptionnel pour apprendre les signes avant-coureurs et les processus de perte de la banquise », explique Richard Alley, professeur de géosciences, dans un communiqué de PennState.
Les chercheurs racontent que, naturellement, les plateformes vêlent. Comprenez qu’elles perdent de gros morceaux qui forment des icebergs. Puis, elles accumulent de la glace pendant des décennies, avant de vêler à nouveau. Mais Larsen B, en lien avec des anomalies climatiques, s’est tout à coup mis à connaître des vêlages plus fréquents et plus petits. En parallèle, les eaux chaudes ont creusé des canaux sous la banquise et modifié sa géométrie et sa résistance. Et la glace a commencé à s’écouler plus rapidement vers la mer. Il pourrait s’agir là de signes avant-coureurs de la déstabilisation de la banquise.

Les chercheurs ajoutent qu’au fur et à mesure que la glace se retirait, elle s’est éloignée des îles rocheuses qui servaient de point d’ancrage à la plateforme. Un peu comme si vous enleviez une à une les punaises qui tiennent un poster au mur. La distribution de ces points d’ancrage aurait, elle aussi, joué un rôle capital dans la déstabilisation de la plateforme glaciaire Larsen B. De quoi aider à mieux comprendre la dynamique de l’Antarctique dans le contexte de réchauffement climatique.

Déjà des milliers de milliards de tonnes de glace perdus

Et pour établir des prévisions encore meilleures de ce qui nous attend, des chercheurs de l’université de Leeds (Royaume-Uni) ont, eux, étudié une région un peu plus au sud de l’Antarctique de l’Ouest, la baie de la mer d’Amundsen. Elle compte vingt glaciers qui, s’ils devaient fondre, feraient monter le niveau des océans du monde de plus d’un mètre. Or c’est aussi la région de l’Antarctique réputée pour évoluer le plus rapidement sous l’effet du changement climatique. Alors les chercheurs ont voulu savoir à quel point.

Ils ont travaillé sur ce qu’ils appellent le « bilan de masse » de la baie de la mer d’Amundsen. Ils ont déterminé la différence entre la masse de glace gagnée grâce aux chutes de neige et la masse de glace perdue par vêlage. Résultat : ces 25 dernières années, la région a perdu plus de 3 000 milliards de tonnes de glace. De quoi noyer Manhattan sous… 61 kilomètres d’eau !
Ces travaux confirment le rôle essentiel de la température des océans dans la fonte de la glace en Antarctique de l’Ouest. Ils montrent aussi à quel point les évènements de chutes de neige extrêmes sont importants pour la dynamique glaciaire. Entre 2009 et 2013, une sécheresse neigeuse a en effet fait monter le niveau de la mer de 25 % de plus que la moyenne. En revanche, les très fortes chutes de neige de 2019 et 2020 ont atténué le phénomène de moitié.


Futura-Sciences
Par Nathalie Mayer – Journaliste
Le 23 mars 2023

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