Cette algue rouge repérée à 100 m de profondeur …

Cette algue rouge repérée à 100 m de profondeur en Antarctique pourrait aider à piéger le carbone

 

Les scientifiques connaissaient déjà cette algue rouge, appelée Palmaria decipiens. Mais en Antarctique, une équipe de recherche greco-britannique a pu constater qu’elle poussait jusqu’à 100 mètres sous la surface, deux fois plus profond qu’on ne le savait jusqu’ici. Une découverte prometteuse en matière de connaissances sur la captation du gaz carbonique (CO₂) et de lutte contre l’acidification de l’océan. Explications.

La découverte n’est pas fortuite. Mais elle titille ses auteurs par les perspectives qu’elle pourrait ouvrir. Son nom ? Palmaria decipiens, une variété d’algue bien connue, dont on sait maintenant qu’elle pousse jusqu’à 100 mètres de profondeur dans les eaux de l’Antarctique. ​Des biologistes marins l’ont vérifié récemment avec l’aide de la base scientifique de Rothera, posée sur l’île d’Adélaïde, un satellite du sixième continent situé face au cap Horn.

Plongées profondes à 100 mètres avec un robot

Les chercheurs avaient bien repéré la présence du végétal en profondeur. Mais ils ignoraient jusqu’à il y a peu s’il s’agissait de spécimens de Palmaria decipiens vivants ou plutôt de débris de cette macro-algue, largués par des icebergs, qui raclent les fonds marins pendant leur dérive. Les algues ainsi arrachées peuvent en effet conserver l’apparence du vivant pendant des années, la température de l’eau freinant considérablement leur désagrégation.

Pour en avoir le cœur net, l’équipe greco-britannique a treuillé un robot à une centaine de mètres de profondeur et constaté de visu que les végétaux y étaient bel et bien enracinés. Ils résistaient d’ailleurs à la traction lorsqu’on cherchait à cueillir des échantillons. « Nous ne pouvons pas exclure que les algues puissent vivre encore plus profond », souligne Ben Robinson, chercheur à l’Université de Southampton et membre du British Antarctic Survey. Jusqu’alors, l’enracinement de Palmaria decipiens n’avait été observé que jusqu’à 42 mètres sous la surface.

Un espoir face à l’acidification des océans ?

L’examen de spécimens prélevés lors des trois plongées du robot permettra peut-être de comprendre comment cette algue s’est adaptée à l’intensité lumineuse, qui décroît à mesure que la profondeur augmente. « La découverte de Palmaria decipiens à 100 mètres de profondeur est importante pour approfondir notre connaissance de l’Antarctique, un continent qu’il est si important de comprendre pour relever les défis environnementaux auxquels le monde est confronté aujourd’hui », souligne Frithjof Küpper, spécialiste de la biodiversité à l’Oceanlab de l’Université d’Aberdeen, l’un des membres de l’équipe, qui a rendu compte des découvertes dans la revue scientifique Polar Biology.

Il ne s’agit pas que de connaissance pour la connaissance. À terme, on peut imaginer enrôler ces algues comme des auxiliaires pour lutter contre un effet pervers de l’absorption du CO₂ de l’atmosphère par les océans, l’acidification du milieu marin, en captant ce carbone et en le fixant parmi les sédiments. « Nous savons que la capture du carbone sera cruciale pour limiter le réchauffement de la planète. Les algues marines ont le potentiel de jouer un rôle énorme, en stockant le carbone au fond des océans lorsqu’elles meurent, explique au site Aberdeen Live le professeur Frithjof Küpper, et en réduisant ainsi l’acidification des océans. »

Détails

Statut de publication :
Planète & Environnement

Auteur(e):
Par Bruno RIPOCHE.

Date:
Publié le 2 décembre 2022

Journal/Source:
www.ouest-france.fr

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