L’effondrement des blocs de glace en Antarctique …

L’effondrement des blocs de glace en Antarctique déclenche des doubles tsunamis !

 

Des chercheurs ont découvert que l’effondrement des blocs de glace en Antarctique ne provoquent pas seulement un tsunami à la surface de l’eau, mais aussi un second tsunami en profondeur. Cet événement a un impact important sur la température de l’eau et sur la biodiversité sous-marine.

Dans les pôles, l’effondrement des glaces dans la mer provoque évidemment de fortes turbulences dans l’eau, sous forme de vagues massives qui s’apparentent à un véritable tsunami. Cependant, les scientifiques ont fait une découverte supplémentaire : en plus du tsunami à la surface de l’eau, la chute des glaces provoque un second tsunami dans les profondeurs.

D’un point de vue lointain comme le nôtre, ce « détail » ne paraît pas avoir d’importance. Pourtant, ce double tsunami a des conséquences sur la composition de l’océan en ayant pour effet de mélanger plusieurs masses d’eau. Selon l’Agence spatiale européenne qui a publié le résumé d’une étude, une équipe de recherche britannique était à bord d’un bateau dans la péninsule antarctique en janvier 2020 lorsqu’un morceau du glacier William s’est effondré devant eux.

Au même moment, un satellite issu de Copernicus Sentinel-1 a pris une image de l’événement. Celle-ci a montré la différence dans la répartition de la glace et de l’eau entre le 8 janvier (avant l’effondrement) et le 20 janvier (jour de l’effondrement). Cet effondrement a provoqué le détachement d’un bloc de 78 000m2, soit l’équivalent de 10 terrains de football, sachant que le glacier William a déjà perdu 3 km de glace depuis 1955.

Le tsunami sous-marin modifie les températures de l’eau

L’équipe de chercheurs a alors assisté au tsunami qui s’est produit à la surface de l’océan, mais a aussi pu enregistrer, à l’aide de capteurs, le second tsunami qui s’est produit sous l’eau. Un phénomène qui a toute son importance dans les modèles de prévision climatique, et qui n’avait jamais été découvert jusqu’à présent.

Le chaos provoqué par le tsunami sous-marin a plusieurs conséquences : en mélangeant des masses d’eau qui n’étaient pas censées se rencontrer, les vagues sous-marines, qui peuvent atteindre plus de 10 mètres, ont un impact sur la vie animale et végétale, les températures sous l’eau à différentes profondeurs et sur la fonte des glaces par conséquent. Une fois détachés de leur bloc principal, les morceaux de glace donnent le plus souvent lieu à des icebergs. Mais une partie d’entre eux plongent dans l’océan et fondent.

Avant l’effondrement du glacier, l’eau de l’océan était froide à une profondeur de 50 à 100 m, avec une couche d’eau plus chaude en-dessous. Après le tsunami sous-marin, le mélange des eaux a engendré une température beaucoup plus uniforme entre ces différentes masses d’eau. Les nutriments disponibles dans l’océan, et qui alimentent la biodiversité, sont répartis en fonction des températures différentes présentes dans les couches d’eau. En mélangeant ces couches, et en uniformisant les températures, l’effondrement des glaces impacte alors tout l’écosystème de l’océan, et donc la biodiversité.

Un paramètre qui pourra permettre de préciser les résultats des prévisions climatiques

En général, ces mélanges d’eau interviennent essentiellement en surface, avec l’action du vent et des marées. Mais l’effondrement des glaces lié au réchauffement climatique provoque un mélange brutal des eaux en profondeur, de même type que celui que l’on retrouve lors d’un séisme ou d’un glissement de terrain, précise l’Agence spatiale européenne.

Jusqu’à maintenant, ces mélanges soudains provoqués par la fonte des glaces n’ont été observés qu’en Antarctique, mais les scientifiques pensent qu’ils peuvent également se produire au Groenland et en Arctique. Un paramètre important à prendre en compte dans l’évolution du climat futur et des conséquences du réchauffement climatique qui, actuellement, n’est pas encore intégré dans les modèles de prévision climatiques.

Cette découverte devra donc être ajoutée dans les calculs de nouveaux modèles climatiques, dont le but est de stimuler le climat des prochaines années. Intégrer ce paramètre pourra ainsi permettre d’obtenir des résultats plus précis sur l’évolution de la hausse du niveau de la mer, sur la composition future des écosystèmes marins, et sur le réchauffement global de la Planète.

Détails

Statut de publication :
Planète & Environnement

Auteur(e):
Par Karine Durand, Spécialiste météo extrême et environnement

Date:
Publié le 2 décembre 2022

Journal/Source:
www.futura-sciences.com

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