Les 5 signes qui montrent que l’Antarctique change radicalement

Le pôle sud subit de plein fouet les effets du réchauffement climatique depuis plusieurs décennies, avec une nette accélération depuis les années 2000. De là en découle une cascade de conséquences qui bouleversent le fonctionnement tout entier du continent antarctique et de son océan. Découvrez les 5 principales.

Une équipe de chercheurs vient de publier un rapport sur tous les changements survenus en Antarctique depuis le début des mesures satellites, dans le journal Frontiers in Environmental Science. Parmi les nombreuses conséquences du réchauffement climatique, 5 signes ne laissent aucun doute aux scientifiques quant à l’évolution de l’Antarctique.

La météo est marquée par des vagues de chaleur et des bandeaux pluvieux

La vague de chaleur la plus extrême qui se soit produite en Antarctique depuis le début des relevés météo est celle de mars 2022 : la température était montée jusqu’à +38,5 °C par rapport à la normale de l’époque (avec une chaleur record de -11,5 °C relevée) lors de l’arrivée d’une rivière atmosphérique, un bandeau pluvieux associé à une chaleur tropicale. Ces périodes de chaleur anormale tendent à se multiplier en Antarctique ces dernières années, et il s’en produit en moyenne une par an. Le trou dans la couche d’ozone, découvert dans les années 1980, a également toujours des conséquences sur la météo alors même qu’il est en phase de rémission. Les climatologues estiment que la circulation dans l’atmosphère a été si perturbée que les anomalies peuvent durer plusieurs dizaines d’années : cela a mené à un réchauffement encore plus fort sur la péninsule antarctique (la zone située la plus au nord) et à un refroidissement localisé à l’est de l’Antarctique.

La glace de mer est anormalement faible depuis 7 ans

La glace de mer joue un rôle fondamental dans les océans des pôles. Elle empêche les courants de se mélanger et limite donc l’apport de chaleur dans les eaux, mais fournit aussi un lieu de vie pour de nombreuses espèces. L’étendue de cette glace de mer, qui est mesurée depuis 1978, varie au cours de l’année, avec un minimum fin février, et un maximum en septembre. Après avoir connu un record d’étendue maximale en 2014, elle a subi un record d’étendue minimale en 2017, suivie des 4 années les plus faibles (jusqu’en 2022). Déterminer l’étendue de la glace de mer reste un challenge, même avec les mesures satellites, et c’est donc davantage son évolution globale dans le temps qui doit être prise en compte, plus que les mesures d’une année précise. Malgré des divergences au niveau des chiffres, tous les climatologues s’accordent pour dire que la glace de mer a été faible les 7 dernières années.

L’océan comporte des poches d’air chaud

L’océan antarctique n’est pas le plus touché par les vagues de chaleur sous-marine, mais 19 événements de chaleur anormale ont été enregistrés entre 2002 et 2018. Cette chaleur n’est pas uniforme et de grosses différences régionales existent. Les satellites ont identifié des « poches » d’eau chaude à certaines endroits de l’océan, et cela a un impact sur la circulation météo en modifiant le sens des vents. Tous les modèles de prévision climatique envisagent une multiplication de ces vagues de chaleur sous-marine dans cet océan.

Les barrières de glace s’effondrent régulièrement

Les morceaux de banquise, que l’on appelle barrière de glace ou plateformes de glace (ice shelves en anglais), sont de plus en plus petites et se désintègrent facilement depuis 50 ans. Les satellites ont montré qu’elles étaient plutôt stables dans les années 1990 avant une série d’effondrements dans les années 2000. Une fonte massive a ensuite été observée entre 2019 et 2020. En plus du réchauffement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre, le processus est aggravé par le phénomène réchauffant El Niño, qui se produit par phase, comme en 2023.

Les glaciers fondent et les sols se retrouvent à nu  

La glace terrestre fond si vite que de nombreux lacs se sont créés dans les terres ces dernières années. La péninsule antarctique est la zone la plus touchée, avec un net recul des glaciers entre 1995 et 2002. Seulement 0,2 à 0,4 % du continent antarctique n’est pas couvert de glace, mais cette surface augmente chaque année. Les vents forts qui soufflent déposent ensuite la poussière des zones sans glace sur les zones encore englacées : la couleur sombre qui recouvre alors une partie des glaciers les fait fondre encore plus vite sous les rayons du soleil.   

  • Par Karine Durand
  • Spécialiste météo extrême et environnement
  • le 9 août 2023
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